Contribution SD20 : la réduction des inégalités à la racine

Publié le par Webmaster

A l’aube du 20ème siècle, un des tenants du capitalisme, le banquier J. P. Morgan, considérait que dans une entreprise, au-delà d’un écart de 1 à 20, l’écart des salaires était contreproductif et démotivant : en 2007, le salaire annuel moyen des patrons du CAC 40 a atteint 400 fois celui du salarié le moins payé. Réduire les inégalités n’est donc pas qu’une question compassionnelle et de 

pouvoir d’achat. Si le souci de justice sociale et d’égalité reste essentiel, l’accroissement des inégalités est bien au cœur de l’économie et la gangrène inexorablement. Les riches paient proportionnellement moins d’impôts que les plus pauvres (cf rapport de juin 2008 du Parlement). Les inégalités génèrent des rentes, confortent les héritiers, réduisent à un leurre le mérite personnel, 

sapent la cohésion nationale, constituent un immense gâchis économique. Ne pas réduire les inégalités à la racine, c’est accepter de n’utiliser les talents que d’une partie de la population. C’est accepter de faire dépérir la recherche, la création, les compétences d’une nation. C’est en face des fortunes amassées par une élite insouciante laisser s’accumuler toujours plus la pauvreté. Et plus elle s’entasse, plus on se détourne d’elle, plus on la considère sale, infréquentable, insoluble, comme du chiendent qui prolifère et rend la terre inculte, comme un investissement laissé à l’abandon qu’on n’entretiendrait plus. Vouloir réduire les inégalités, c’est donc un impératif social, politique et économique. Sans quoi à coup sûr s’installent l’injustice, la violence et le gâchis. Pour redonner du cœur, et donc tout son sens à la politique, il faut combattre l’injustice, toutes les injustices, quelles qu’elles soient et où qu’elles soient. Cela suppose d’investir différents champs d’action comme la politique de redistribution, la politique sanitaire ou encore la politique de l’éducation. 

 

La répartition des richesses, à la fois entre le travail et le capital mais aussi entre plus pauvres et plus riches butte aujourd’hui sur les règles néo-libérales, intrinsèquement inégalitaires. A ce titre, La refondation des systèmes de redistribution et donc de la fiscalité doit être pensée au travers de l’objectif de réduction des inégalités là et quand elles se créent. 

La redistribution doit être rendue à la fois plus équitable, plus réaliste, plus responsable et plus efficace. Des plafonds peuvent être envisagés concernant certaines prestations de manière à concentrer les moyens là où ils sont les plus nécessaires et les plus utiles par rapport à l’objectif fixé (allocations familiales, retraites...). La fiscalité directe doit être plus transparente (simplification de 

l’impôt local), plus juste (tant socialement que territorialement), plus efficace et plus « écologique ». 

En outre, les politiques mises en place doivent avoir pour objectif de lutter contre le système des inégalités. En effet, plus les revenus d’un ménage est faible, plus il est vulnérable aux hausses de prix de l’énergie (pendant les cinq dernières années, les ménages du dernier quintile ont vu leur facture énergétique augmenter de 10,2 à 14,9 % des revenus quand le premier quintile a vu sa part diminuer de 6,3 à 1,9 %) et moins il a accès aux moyens d’élévation sociale (apprentissage d’une langue étrangère, accès à internet, réseau social...). 

L’ensemble des réformes proposées devra être analysé au regard de ces objectifs prioritaires qui peuvent être à la source d’arbitrages difficiles.  

 

Quatre leviers principaux doivent être utilisés pour lutter contre les inégalités à la racine : 


Le logement et le territoire de vie :  


Nous savons que, plus que les différences sociales, c’est l’ancrage dans des territoires donnés qui déterminent les inégalités ; inégalités d’accès aux services publics, aux transports en commun, à l’école, à l’emploi ; sentiment d’enfermement et d’exclusion ; difficultés de rapport aux différences d’âges, de sexes, d’origine et exacerbation des communautarismes. Il faut donc repenser la politique de la ville, le rapport zone urbaine/zone rurale, n’admettre aucune dérogation au principe des 25% de logements sociaux dans toutes les villes (tous les arrondissements pour les grandes villes), investir dans la rénovation des quartiers en difficultés, notamment en y affectant des moyens humains de haute qualification. 

Les inégalités territoriales se lisent aussi d’un point de vue écologique : les inégalités devant l’environnement sont majeure, au sein des pays comme entre pays, et le développement durable doit contenir la lutte contre cette forme d’inégalités (accès aux besoins fondamentaux, territoires d’habitation menacés...) s’il veut être efficace.  


L’accès au travail et à la sécurisation des parcours professionnels : 


L’exclusion du monde productif (qu’il soit industriel, de service, de l’économie sociale, de l’économie agricole, ..) est une inégalité très dévastatrice : elle empêche l’accès à l’autonomie et contrecarre le sentiment d’appartenance au monde « normal ». Les dispositifs d’orientation et d’insertion doivent être revus et élaborés avec les acteurs économiques (employeurs et syndicats de salariés), afin d’établir les collaborations nécessaires entre les « spécialistes » de l’orientation ou de l’insertion, le monde éducatif et le monde professionnel. 

Nous devons conduire une réflexion sur les emplois et les métiers pour développer les services à la personne. A la différence de la droite, notre attention doit se porter sur la pénibilité, la nature des contrats, le temps de travail des emplois proposés et développer l’attractivité renouvelée du secteur. Les parcours professionnels sont, quant à eux, à la fois très rigides et très fragiles : il s’agit de leur donner plus de souplesse et de fluidité, notamment en portant l’accent sur les « marchés transitionnels » et les phases critiques des parcours professionnels (des études à l’emploi, d’un emploi à l’autre, de l’emploi à la formation, ...) en favorisant les transitions. 


L’éducation : 


Il est clair pour les socialistes que l’Education est au cœur du projet étant donné son rôle majeur dans la socialisation et l’émancipation des individus : l’acquisition des outils fondamentaux d’action et des clés de compréhension du monde dans lequel ils vivent est principalement de sa responsabilité. 

Dans la perspective de réduction des inégalités à la « racine » et d’un partage durable du progrès économique et social, il apparaît urgent de repenser l’éducation, dès le plus jeune âge, et la formation professionnelle continue autour de quelques principes de base. 

Tout d’abord, il faut assurer l’égalité des chances en agissant sur tous les leviers qui y concourent : 

création de services à la petite enfance, effectifs variables selon les établissements, développement de formations spécifiques avec des pédagogies différenciées permettant aux élèves en déroute de ne pas couler et de trouver leur parcours, création d’ une réelle filière de formation professionnelle qualifiante, allant du CAP jusqu’à la formation d’ingénieurs en modifiant ainsi la logique absurde de l’orientation par l’échec. 


Le décloisonnement de l’école à tous les niveaux doit être encouragé, soutenu et valorisé. Il faut développer les coopérations entre l’enseignement public et son environnement économique et social : place des adultes dans l’école (dont des équipes éducatives incluant des personnels non enseignants, de la dame de la cantine aux médecins scolaires en passant par les parents d’élèves, les surveillants, les orthophonistes, ...). 


Enfin, il nous faut revaloriser la condition enseignante aussi bien sur le plan qualitatif que sur celui des salaires : création d’une véritable politique d’évolution professionnelle, passerelles entre le monde éducatif et le monde professionnel, développement de postes périscolaires,... Par ailleurs il est indispensable de repenser le système de Formation Professionnelle Continue pour lui faire jouer le rôle qui devrait être le sien : permettre l'acquisition d'une qualification tout au long de la vie, valoriser les compétences acquises, assouplir et protéger les parcours professionnels.  


La santé : 


La politique de santé représente à la fois un défi majeur auquel des risques peuvent être associés (démographie, augmentation de l’espérance de vie des personnes atteintes de maladies chroniques lourdes et de personnes handicapées, organisation de l’offre de soins, pandémies, paupérisation/exclusion des dispositifs de santé...) et une opportunité économique et sociale inespérée. La santé publique peut devenir un facteur de dynamisation et un des leviers de la réduction des inégalités. Là encore la question des territoires et la nécessaire complémentarité entre les différents intervenants (acteurs de santé publique et de santé privée) apparaissent centrales. Notre réflexion doit permettre de réconcilier médecine de ville et d’hôpital, secteur sanitaire, social et médio-social, répondre à la désertification médicale, aux inégalités d’accès aux soins et développer la prise en charge des pathologies chroniques hors de l’hôpital.

En outre, le dispositif sanitaire français se caractérise par sa nature curative, par la médicalisation à outrance en opposition aux grandes social-démocraties européennes. La prévention doit occuper une place plus importante par rapport aux problèmes de santé publique et des crises sanitaires et au regard de l’offre de santé de proximité (maisons médicales, etc.).  

Publié dans Contribs à la contrib

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D
il faudrait carrément revenir sur le suffrage universel direct et revenir à un scrutin indirect, avec la forme que prend la médiatisation de l'information aujourd'hui, certaines personnes fondent alors leur intention de vote sur une communication, sur du "marketing" comme pour "travailler plus pour gagner plus" de nicolas sarkozy qui en a embobinner plus d'un faute de compétences. Ou alors délivrer un permis pour voter et/ou mettre plus de cours d'éducation civique, obligatoires, au collège et au lycée, merci <br /> bon courage,<br /> <br /> à bientot ,<br /> Dufournet Paul.
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J
Bonsoir,<br /> je vous confirme mon accord pour être signataire de la motion "Besoin de gauche".<br /> Je suis adhérent de la fédération 49, membre du secrétariat de la section d'Angers, ancien 1er secrétaire de la section d'angers et ancien secrétaire fédéral à l'organisation.<br /> Amitiés socialistes.<br /> Jérôme MATER<br /> 06.17.91.28.21
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W
<br /> Bonjour, ta signature a bien été pris en compte.<br /> <br /> <br />