Le contrat de rénovation
Au-delà des responsabilités et des dysfonctionnements de quelque nature que ce soit, la défaite présidentielle de 2007, la troisième consécutive, renvoie aux lacunes fondamentales, idéologiques et programmatiques des socialistes français.
Malgré la mobilisation des jeunes, des cités, la reconquête d’une partie des votes populaires, nous n’avons pas répondu aux attentes essentielles des français : la protection face à la mondialisation, la préservation de la sécurité sociale, la juste répartition des revenus et des prélèvements, la place, la valeur et juste rémunération du travail, la garantie de la promotion individuelle, l’articulation des droits et des devoirs… Face à un Sarkozy organisant les divisions internes des couches populaires et moyennes, nous n’avons pas su proposer à l’ensemble de notre base électorale un nouveau pacte social et territorial fédérateur.
Nous pensons aussi que si les objectifs précis que nous poursuivons - réduire les inégalités, protéger collectivement des aléas de la vie, renforcer l’égalité réelle par l’augmentation et la démocratisation de l’éducation et de la formation - restent pertinents, nous devons inventer les moyens d’en garantir l’effectivité pour tous et la pérennité financière. Dans le capitalisme d’aujourd’hui, il ne suffit pas d’affirmer pour réformer. Il faut définir des stratégies d’action ciblées, rechercher des résultats perceptibles concrètement par les individus et évaluer en permanence. Inventer de nouveaux modes d’action est une condition de notre rénovation.
Miser sur les difficultés de Sarkozy, la dégradation de sa popularité, ne suffira pas. Nous ne devons pas réitérer l’expérience stérile des années 2002-2006 qui nous a conduit d’une défaite à une autre. Nous devons désormais prendre à bras le corps le véritable agenda de la rénovation. Trente cinq ans après Epinay et près de vingt ans après la chute du mur de Berlin, nous devons réviser notre doctrine pour clarifier nos principes, refonder le clivage gauche / droite, et répondre aux nouveaux défis historiques posés par la mondialisation, les chocs écologiques, l’individualisation sociale et culturelle, la crise de l’Etat social et du modèle républicain.
Ce défi ne peut être relevé que collectivement. Il suppose un travail approfondi et sincère qui dépasse les jeux de rôles traditionnels et les contradictions artificielles, un processus politique qui fasse le pari des idées avant celui des stratégies personnelles. C’est le sens et l’ambition de la démarche que nous avons décidé d’entreprendre ensemble.
Nous convergeons sur le diagnostic fondamental, le sentiment de l’urgence de sauver le parti socialiste en le rassemblant et en le faisant muter en profondeur.
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